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DOSSIER : Le progrès optique nous met-il en danger ?

Temps de lecture : 5 minutes

 

Metaverse, réalité mixte ou virtuelle… Les technologies numérique et optique continuent de faire des bonds impressionnants pour nous proposer des expériences toujours plus élaborées et ancrées dans des univers alternatifs. Après la fascination vient souvent le temps des interrogations. Le scepticisme face au progrès optique est encore relatif en comparaison de l’excitation qu’il provoque. Pourtant, de premières études laissent à penser qu’il y’a lieu de faire preuve de prudence. On tente de décrypter ces informations et de répondre à cette question qui pourrait, dans un futur proche, nous hanter.

 

Le progrès optique nous conduit-il vers un futur tout numérique ?

 

Conduire une enquête prospective n’est pas chose aisée. Aussi appelée « futurologie », elle est, depuis les années 50, une discipline en constante évolution. Science destinée à préparer le futur de l’être humain, elle peut diriger les politiques publiques sur la base de rapport concrets. Régulièrement, le National Intelligence Council (NIC), branche prospective de la Central Intelligence Agency (CIA), établit un rapport complet sur le futur du monde, à l’échelle de 20 ou 30 ans.

 

L’organisme de coopération et de développement économiques (OCDE) réalise aussi régulièrement des rapports de prospective. Dans le dernier, intitulé « Scénarios pour le monde de 2035 », l’un des scénarios est intitulé « Les Mondes Virtuels ». Celui-ci décrit « un univers virtuel interconnecté où se déroule désormais la majorité des interactions humaines associées au travail ou aux loisirs ». Dans ce monde, « chaque individu commence sa journée en allumant son casque de réalité mixte (augmentée et virtuelle) et en choisissant l’un des mondes hyperréalistes qui lui sont proposés. La réalité virtuelle stimule les sens car les images, les sons et les impressions semblent réels. »

 

 

Un monde qui créé de nouvelles dépendances, et de nouveaux enjeux de sécurité où la cybersécurité devient le « sujet de préoccupation majeur à l’échelle mondiale. » S’il est basé sur des données réelles et des tendances qui demandent à confirmer, impossible de savoir si nous connaîtrons ce futur. Ce type de scénario est toujours mis en concurrence avec d’autres, qui exploitent d’autres tendances.

 

Mais ces données permettent en tout cas de se poser les relatives à ces avancées technologiques qui risquent fortement de bouleverser nos modes de vies.

 

Quels risques pour la santé ?

 

En dehors des considérations sur la vision et le port de casques de réalité virtuelle, que nous avons déjà évoquées sur ce blog, des interrogations liées à l’immersion se posent. Des études ont mis en lumière les risques de dépersonnalisation des utilisateurs. Ce symptôme psychologique entraîne « un sentiment de perte de contrôle de la situation, caractérisé par une perte de sens de soi-même. » Ces risques sont accrus pour ceux qui utilisent la VR car le caractère immersif est renforcé.

 

 

Un mal a d’ailleurs été théorisé suite à l’utilisation plus fréquente des casques de réalité virtuelle. La cybercinétose est un effet de secondaire de cette utilisation et pourrait concerner près de 30 à 50% des utilisateurs selon un sondage de l’Anses. Les symptômes sont ceux que l’on peut rencontrer lorsque l’on souffre du mal des transports :

 

  • pâleur ;
  • troubles visuels ;
  • désorientation ;
  • sensation de malaise ;
  • nausées ;
  • vomissements ;
  • tachycardie ;
  • hypersalivation

 

Les risques de crises d’épilepsie seraient également plus importants en fonction de l’utilisation plus ou moins longue des casques. Le monde virtuel annoncé pourrait donc causer des problèmes sanitaires assez important s’il venait à se réaliser.

 

Attention à notre intégrité physique donc, même si les risques ne devraient pas prendre des proportions extrêmes, comme on a pu le craindre un moment. En effet, un prototype de casque virtuel qui explose lors d’un game over a été crée en tant qu’ « œuvre d’art » s’inspirant de la série littéraire japonaise « Sword Art Online. »

 

Mais c’est une autre problématique qui peut conduire à nous inquiéter face à la démocratisation des mondes virtuels.

 

La question des données personnelles : progrès optique rime-t-il avec éthique ?

 

Le sujet arrive sur la table. Comment, dans un monde où le numérique prend de plus en plus de place, garantir le respect de la vie privée ? La question des données personnelles alimentent déjà les discussions chez les particuliers, les pouvoirs publics, au sein des grandes entreprises. Or, le Metaverse est capable de récolter d’immenses quantités de données personnelles, bien plus qu’un smartphone et ses toujours plus nombreuses applications mobiles.

 

En testant un jeu de réalité virtuelle de type « Escape Game », des chercheurs des universités de Munich (Allemagne) et de Berkley (États-Unis) ont tenté de comprendre et d’identifier les risques liés à une attaque virtuelle destinée à récolter des données personnelles.

 

 

Quelle différence avec nos applications actuelles ? L’avancée des technologies proposant un élargissement des possibilités, le Metaverse englobe encore plus d’informations sensibles mais nécessaires à son fonctionnement. Ainsi, « ces technologies avancées, notamment dans les casques VR et les lunettes intelligentes, vont suivre les informations comportementales et biométriques à une échelle record. Actuellement, les technologies numériques peuvent capturer des données concernant les expressions faciales, les mouvements de la main et les gestes. Par conséquent, les informations personnelles et sensibles qui fuiront à travers le métavers à l’avenir comprendront des informations du monde réel sur les habitudes et les caractéristiques physiologiques des utilisateurs », expliquent les chercheurs.

 

L’étude a aussi mis en lumière les défaillances de sécurité et de matériel dont pouvaient être émaillés les mondes virtuels. Vulnérabilités des sites web, politiques de confidentialité floues, manque d’authentification multi-factorielle de logiciels et outils sont autant de failles à combler pour garantir à l’utilisateur davantage de protection.

 

Au total, 25 attributs de données personnelles révélant des vulnérabilités d’accessibilité ont été identifiés par les chercheurs de l’étude. Des résultats qui interrogent sur la capacité à faire front et proposer des expériences dénuées du moindre risque.

 

Entrer dans le monde virtuel avec prudence

 

Toutes ces informations doivent faire prendre conscience que ce que l’on nomme réalité virtuelle ou augmentée n’en reste pas moins un pan bien réel. L’immersion peut contribuer à rendre l’expérience aussi impressionnante que risquée. Les pouvoirs publics continueront de s’approprier la question des données personnelles. L’Union Européenne, par la voix de sa commission, dispose d’outils qui lui permettent d’exercer un contrôle sur le respect des droits à la vie privée. Ces questions resteront essentielles à l’avenir et continueront d’agiter le débat public alors que le progrès optique et technologique continuera de s’étendre.

 

 

Le progrès n’en sera pas altéré. Tout l’enjeu est là. Alors qu’il n’est pas question d’enrayer les avancées du progrès optique et technologique, il va falloir bâtir une architecture de sécurité aussi performante que les prouesses technologiques qui habillent des expériences hors du commun et qui vont continuer de s’enrichir.

 

C’est la grande différence avec les progrès rencontrés jusqu’à la fin du XXème siècle : une conscience collective plus enrichie qui connaît davantage les enjeux liés à ces questions. Car les nouvelles réalités ne tombent pas du ciel et, si elles promettent une révolution, on ne devrait pas connaître la même rupture qu’avec l’arrivée du smartphone, qui a bouleversé le champ du numérique, parfois au détriment de la prudence.

 

Que celle-ci reste de mise, c’est en tout cas tout ce dont on peut espérer.

 

Sources : développez.com, healthymind.fr, theconversation.com, frandroid.com