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Le poisson-zèbre, espoir pour la régénération rétinienne ?

Temps de lecture : 3 minutes

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La cécité, qu’elle soit partielle ou totale, affecte des millions de personnes dans le monde. Les traitements actuels visent principalement à ralentir la progression de la dégénérescence rétinienne, sans offrir de solution curative. Cependant, des recherches récentes sur le poisson-zèbre offrent un nouvel espoir. Ce petit poisson tropical possède une capacité remarquable de régénéreration spontanément sa rétine après une lésion. Comprendre les mécanismes à l’œuvre pourrait ouvrir la voie à des thérapies innovantes pour restaurer la vision chez l’humain.

 

Le poisson-zèbre : un modèle de régénération exceptionnel

 

Le poisson-zèbre (Danio rerio) est largement utilisé en recherche biomédicale en raison de sa transparence embryonnaire et de sa rapidité de développement. Mais c’est surtout sa capacité à régénérer divers tissus, y compris la rétine, qui fascine les scientifiques.

 

Lorsqu’une lésion endommage la rétine du poisson-zèbre, les cellules gliales de Müller, normalement dédiées au soutien des neurones, se dédifférencient pour redevenir des cellules progénitrices. Elles prolifèrent ensuite et se différencient en divers types de cellules rétiniennes, réparant ainsi les dommages. Ce processus naturel de régénération n’existe pas chez les mammifères, y compris l’humain, où les lésions rétiniennes conduisent généralement à une perte irréversible de la vision.

 

Des études ont montré que le neurotransmetteur GABA (acide gamma-aminobutyrique) joue un rôle clé dans ce processus. Une concentration élevée de GABA inhibe la dédifférenciation des cellules de Müller, empêchant ainsi la régénération. À l’inverse, une diminution du GABA favorise la transformation des cellules de Müller en cellules progénitrices, initiant le processus de régénération rétinienne.

 

 

Des avancées récentes vers une application humaine

 

Des chercheurs ont identifié des facteurs clés impliqués dans la régénération rétinienne du poisson-zèbre. Parmi eux, l’enzyme Kdm6b.1 joue un rôle crucial. Cette déméthylase (une enzyme qui agit comme une gomme chimique en effaçant des petits marqueurs sur l’ADN, ce qui peut réactiver certains gènes) est présente à des niveaux élevés dans les tissus en régénération et est essentielle pour activer les gènes nécessaires à la régénération. Sans cette enzyme, le poisson-zèbre est incapable de régénérer sa rétine.

 

En identifiant et en comprenant ces mécanismes, les scientifiques espèrent pouvoir stimuler des processus similaires chez l’humain. Des expériences sur des souris ont montré qu’on pouvait réveiller un petit pouvoir de réparation de l’œil en stimulant certains mécanismes internes.. Bien que ces résultats soient encore loin d’une application clinique, ils suggèrent que la régénération rétinienne chez l’humain n’est pas hors de portée.

 

Une révolution à l’horizon ou une utopie scientifique ?

 

Même si la route est longue, cette recherche ouvre un nouveau chapitre dans le traitement des maladies rétiniennes : DMLA, rétinite pigmentaire, ou encore lésions traumatiques. En permettant un jour de « réveiller » nos propres cellules gliales, on pourrait envisager non plus de ralentir la dégénérescence, mais de restaurer la vision.

 

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Pour les professionnels de l’optique, ces avancées scientifiques sont porteuses d’espoir. Elles pourraient, à terme, transformer la prise en charge des patients atteints de dégénérescence rétinienne ou d’autres pathologies entraînant la cécité. En attendant, il est essentiel pour les professionnels de rester informés des progrès de la recherche, afin de conseiller au mieux leurs patients et de collaborer efficacement avec les ophtalmologistes et autres spécialistes.

 

Le poisson-zèbre, par sa capacité naturelle de régénération, offre une source d’inspiration précieuse pour la recherche en ophtalmologie. Bien que de nombreux défis restent à relever avant de pouvoir appliquer ces découvertes à l’humain, les avancées récentes laissent entrevoir la possibilité de restaurer la vision chez des patients aujourd’hui considérés comme incurables. Pour les professionnels de l’optique, ces perspectives renforcent l’importance de leur rôle dans la chaîne de soins visuels et soulignent la nécessité d’une veille scientifique constante.