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Anne-Sophie Lapetitte est plus connue sous le pseudonyme Ansostyle. Désireuse de promouvoir l’optique autrement, elle publie quotidiennement sur les réseaux, et s’adresse aussi bien à ses clients qu’à ses collègues et ses concurrents. Interview.

 

Bonjour Anne-Sophie, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Bonjour, je m’appelle Anne-Sophie Lapetitte. Je suis opticienne depuis 11 ans, et propriétaire d’un magasin indépendant à Antibes depuis 5 ans.
J’ai également une deuxième activité d’influenceuse sur Instagram, Facebook, Youtube, Linkedin et Tiktok sous le nom d’Ansostyle.

Vous avez plus de 20 000 abonnés sur Youtube, 100 000 sur Instagram, et êtes présentée comme l’opticienne qui a « conquis les réseaux sociaux.» Comment parvenez-vous à gérer présence digitale et gestion de votre magasin à Antibes ?

C’est une vraie organisation au quotidien entre mes deux activités. C’est la quantité de travail au magasin qui rythme mes journées. Dès que l’activité au magasin est plus calme, je me consacre à mes réseaux. Je me prévois aussi des plages horaires dédiées (souvent le midi et parfois le soir ou les week-end). Et je veille toujours à améliorer mon organisation de travail pour être la plus efficace possible.

 

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« Je souhaiterais collaborer avec un verrier pour communiquer davantage sur la santé visuelle »

 

Vous avez ouvert votre magasin « La Petite Lunette » à 29 ans, vous créez des chaînettes personnalisées pour les montures…D’autres projets sont-ils en cours pour cette année 2023 ?

Pour cette année 2023, je compte surtout développer ma clientèle au magasin, j’ai d’ailleurs plusieurs idées pour y parvenir. En ce qui concerne Ansostyle, je tiens à garder mes partenaires actuels. Mais je souhaiterais également collaborer avec un verrier pour communiquer davantage sur la santé visuelle. Et enfin, j’aimerais beaucoup travailler pour un magazine. 
Aussi, je ne serais pas contre ouvrir un deuxième magasin mais je me laisse le temps. Et puis qui sait, de nouvelles opportunités pourraient s’offrir à moi ? Je suis toujours à la recherche de nouveaux projets !

Sur le blog d’Eyes-Road, nous mettons régulièrement en avant les innovations qui font l’optique, qu’elles soient technologiques, structurelles, organisationnelles, éthiques et sociales…Quel regard portez-vous sur l’évolution du secteur ?

Je pense que l’une des principales préoccupations va rester le recrutement. Notre métier souffre d’une image faussée par les médias, c’est pourquoi j’essaie au quotidien de communiquer et que j’encourage les opticiens à faire de même. Il est important de faire envie aux nouvelles générations ! 
Mais je pense également qu’il faut prendre en compte les nouvelles demandes des salariés. Il y a eu une évolution majeure en très peu de temps, et les mentalités doivent évoluer…Enfin pour ce qui est de la communication digitale, je regarde avec enthousiasme notre secteur qui en comprend désormais l’importance !

 

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Revenons aux réseaux sociaux. Comment intégrez-vous dans votre activité leur évolution perpétuelle ? Quels sont les réseaux à privilégier selon vous, et, à contrario, ceux qui ne retiennent pas vraiment votre intérêt ?

 

C’est toute la difficulté des réseaux sociaux, ça évolue constamment ! Donc je fais une veille régulière pour intégrer les nouvelles tendances rapidement. 
Pour les opticiens, Instagram et Facebook sont des incontournables et visent une clientèle locale. Instagram permet de cibler une clientèle entre 18 et 44 ans et pour Facebook, ce sera plutôt destiné à une clientèle entre 24 et 54 ans. Enfin, Tiktok peut-être intéressant mais tout dépend du positionnement du magasin car les personnes présentes sur la plateforme sont bien plus jeunes.

 

 

Quel(s) conseil(s) donneriez-vous à un jeune opticien diplômé qui souhaite ouvrir sa boutique et/ou développer sa présence digitale ?  

 

Je leur conseille de me suivre sur Instagram et LinkedIn parce que je donne justement plein de conseils à ce sujet. 
Concernant l’ouverture d’une boutique, je pense qu’il faut prendre son temps. C’est important de s’informer un maximum. J’ai souvent l’impression que c’est fait au feeling, sans étude de marché, et sans trop savoir où ils vont. Pourquoi pas se rapprocher d’opticiens déjà à leur compte pour discuter du projet avec eux ? Je sais aussi qu’il existe des services d’accompagnement dans certaines centrales d’achat. 
Et en ce qui concerne la présence digitale, pour se développer, je leur conseillerais de se focaliser sur Facebook et Instagram au départ. Les contenus peuvent être relayés sur les deux plateformes. Ce qui est primordial et souvent oublié, c’est d’avoir une bio Instagram et une section « À propos » sur Facebook qui répondent à toutes les questions que pourraient se poser de nouveaux clients : lieu du magasin, horaires, spécificités (opticien créateur, pour les enfants, etc…). Et surtout, en parler un maximum à ses clients !

 

Un grand merci à Ansostyle pour ses réponses !

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La progression de la myopie ne semble pas avoir de fin. La problématique, souvent associé à un mode vie occidental qui fait la part belle au travail sur écran, est en réalité d’ordre global. Malgré de nombreux efforts, et une recherche qui qui se focalise sur les meilleurs moyens de la freiner, la myopie semble encore gagner du terrain. Alors que se développent toujours plus les objets numériques et que l’accès aux soins se facilite, vouloir freiner la progression de la myopie s’apparente-t-il à un vœu pieu ? À l’instar du changement climatique, ne faudrait-il pas mieux privilégier l’adaptation à la prévention ?

 

Les chiffres alarmants de la myopie : une véritable « épidémie »

 

Depuis plus de dix ans, les chiffres prennent une tournure folle. En 2012, un professeur de l’Université de Singapour révélait que 78% des chinois de 15 ans étaient myopes ! Dans les lycées australiens, on parle de 80 à 90% des élèves. Aux États-Unis et en Europe, le taux de myopes a doublé par rapport aux années 70. Comment se fait-il que cette progression soit si fulgurante ? Pour le professeur Gilles Renard, directeur scientifique de la Société française d’ophtalmologie, l’explication est toute trouvée. «Les grands foyers de la myopie se concentrent d’abord au sein des civilisations qui ont développé l’écriture. Elle sollicite beaucoup la vision de près. Et aujourd’hui, de plus en plus, les enfants et les jeunes sont touchés à cause de l’utilisation des écrans.»

 

Pour Ian Morgan, chercheur de l’université de Canberra, solliciter la majeure partie du temps la vision de près force à l’accommodation. Or, cette dernière fatigue les yeux et favorise la myopie. En effet, regarder des objets de près (livres, écrans…) « force nos yeux à forcer ».  Un mode de vie qui privilégie le fait de se trouver à l’extérieur empêche cela. En prime, sous les rayons du soleil, la rétine libère de la dopamine, un messager chimique au rôle crucial dans la transmission des images au cerveau. Par manque de dopamine, l’œil s’agrandit et favorise également la myopie. Cela explique que celle-ci se développe fortement chez les adolescents.

 

Est-il concrètement possible de ralentir la myopie ?

 

On peut se poser une question. Alors qu’on s’accommode à vivre avec la myopie grâce aux dispositifs optiques, pourquoi faudrait-il à tout prix ralentir sa progression ? Tout d’abord parce l’accès aux soins optiques n’est pas à proprement parler quelque chose de « facile » suivant où l’on se trouve. Dans certaines parties du globe, pouvoir effectuer un contrôle et une correction s’apparente à un parcours du combattant. Et même dans nos pays occidentaux où l’accès aux soins est facilité, cela peut s’avérer compliqué. Notamment au vu des délais pratiqués en ophtalmologie.

 

D’autre part, la myopie provoque de nombreuses complications oculaires, comme la cataracte, des risques de décollement de rétine, glaucome, maculopathies…Ralentir la progression relève donc d’un enjeu de santé public. Dans une société où l’on peut difficilement se passer de nos ordinateurs, tablettes, smartphones ou télévisions, l’ampleur de la tâche semble considérable.

 

Une chose est sûre : la myopie ne peut pas être stoppée. Mais peut-elle est ralentie ? De nombreuses études ont été menées sur le sujet. Des pistes ont été proposées, comme l’adaptation de lentilles rigides, la prescription de verres progressifs ou à double foyer, l’intérêt des lentilles bifocales ou encore l’orthokératologie.

 

 

Mais parmi toutes ces pistes, les lentilles rigides se sont avérées une fausse bonne idée car elles ne permettent pas de ralentir l’élongation du globe oculaire chez les plus jeunes. Les verres progressifs eux, ont pour but de pallier à l’insuffisance de l’accommodation des jeunes myopes. Mais dans ce cas précis, si un ralentissement a pu être observé, il est insignifiant et ne s’avère pas être une bonne piste.

 

L’orthokératologie est une technique de correction médicale de la myopie, qui consiste à faire porter des lentilles rigides la nuit, pour induire une correction temporaire de la myopie, dont la durée espérée couvre la journée suivante. Elle permet un changement de forme de la cornée en l’aplatissant. Cette technique s’avère efficace mais pour les myopies dites faibles. Les lentilles bifocales, elles, permettent de ralentir la progression de la myopie chez les patients de plus de quarante ans.

 

Mais concernant les plus jeunes, si on a tendance à encourager souvent la lecture, il ne faut pas oublier que l’élément essentiel est, lors de la phase de croissance, de passer un maximum de temps à l’extérieur…plus facile à dire qu’à faire !

 

S’adapter plutôt que prévenir ?

 

Alors que ces différentes études n’ont pas offert les solutions espérés, certains industriels ont fait des progrès significatifs en matière de ralentissement de la myopie. Ainsi, les verres Stellest d’Essilor ont, au-delà de très belles promesses, obtenu des résultats très convaincants. Comme rapportés par une étude de la prestigieuse revue JAMA Ophthalmology (Journal of the American Medical Association), après deux ans de port, le ralentissement de la myopie chez les jeunes enfants est significatif. D’après le célèbre verrier, le port, douze heures par jour, du dispositif permet de ralentir la progression de la myopie de 67% par rapport aux autres verres unifocaux.

 

Pour le docteur Jinhua Bao, directeur du laboratoire de la myopie et de la fonction visuelle, « Ces résultats impressionnants démontrent clairement que l’utilisation de verres HAL (hautement asphériques), au lieu de verres unifocaux pour la  correction de la myopie, serait une approche stratégique pour ralentir la progression de la myopie chez les enfants.  Une étude qui montre également que plus la solution de contrôle de la myopie est portée, plus elle est efficace. »

 

 

Ces très bons résultats sont la preuve qu’un ralentissement est possible. Finalement, il semble donc que ce soit bien l’adaptation qui soit privilégiée, non la prévention. Pourtant, l’un ne va pas sans l’autre. S’il apparaît compliqué de passer tout son temps dehors avec ses enfants et jusqu’à la fin de leur croissance pour qu’ils ne soient pas soumis aux affres de la myopie, les dispositifs permettront de ralentir une progression indéniable. Mais, pour ne pas verser dans le fatalisme, on peut également remettre en cause des modes de vies qui privilégient l’utilisation, bien souvent superflue, de smartphones par de jeunes enfants, provoquant une défiance du monde extérieur qui a des impacts sociaux et de santé incontestables.

 

Bien entendu, les écrans ne sont pas uniquement en cause. Le fait, pour un enfant, de passer sept heures par jour en classe à fixer une feuille de papier ou un tableau, n’aide pas. Voilà aussi pourquoi la proportion de myopes augmentera sans cesse. Là encore, une remise en cause peut s’avérer bénéfique. Mais il faut reconnaître que, pour des raisons valables, dans toute société, le changement s’avère souvent bien compliqué.

 

Sources : Essentiel de l’Optique, https://sante.lefigaro.fr, Docteur Damien Gatinel https://www.gatinel.com/