Avec l’évolution des préoccupations environnementales, l’industrie optique évolue fortement, comme d’autres secteurs, vers l’éco-responsabilité. Les pratiques durables et l’engagement écologique transforment l’univers de l’optique moderne. Comment l’importance de l’éco-responsabilité dans l’optique influence-t-elle les choix des consommateurs ? On essaie de le décrypter dans cet article.

Éco-responsabilité dans l’optique : contextualisation

 

La conscientisation environnementale croissante a transformé les attentes des consommateurs dans tous les secteurs, y compris l’optique. De nos jours, les acheteurs sont de plus en plus soucieux de l’impact écologique des produits qu’ils choisissent. Dans cette optique, l’industrie optique a pris des mesures significatives pour répondre à cette demande croissante en adoptant des pratiques éco-responsables.

 

 

Les consommateurs cherchent activement des marques engagées dans des actions durables, favorisant l’utilisation de matériaux recyclés ou biosourcés pour la fabrication des montures. En parallèle, ils accordent de l’importance aux processus de production respectueux de l’environnement, tels que la réduction des déchets, l’utilisation d’énergies renouvelables, et la diminution de l’empreinte carbone tout au long de la chaîne de fabrication. Cette conscientisation a également poussé les marques à s’engager socialement, en soutenant des causes locales et en mettant l’accent sur des pratiques éthiques.

 

Désormais, l’éco-responsabilité fait partie des indispensables dans un monde où l’anxiété permanente liée aux incertitudes climatiques et à ses conséquences ne laisse d’autres choix.

 

Les actions éco-responsables dans l’industrie optique

 

L’industrie optique a intensifié ses efforts pour adopter des pratiques éco-responsables. De nombreuses marques ont évolué vers l’utilisation de matériaux durables, allant du plastique recyclé aux montures fabriquées à partir de matériaux organiques et naturels. De plus, des procédés de fabrication respectueux de l’environnement sont mis en œuvre, réduisant les déchets et minimisant l’impact environnemental global. Ces pratiques incluent la réutilisation de matériaux, l’utilisation de ressources renouvelables et le recours à des technologies innovantes pour minimiser l’empreinte carbone.

 

 

En parallèle, l’engagement social est devenu un aspect crucial, avec des marques optiques qui soutiennent activement les communautés locales, adoptent des pratiques éthiques et veillent à la transparence dans leur chaîne d’approvisionnement.

 

Ces marques sont de plus en plus nombreuses et travaillent sur le fait d’être davantage visibles pour des raisons environnementales. L’industrie optique s’est armée d’outils, comme des labels concrets qui garantissent une véritable démarche écologique et combattent les actes de greenwashing.

 

L’impact du marketing écologique dans le choix des consommateurs

 

Le marketing écologique a profondément influencé les comportements d’achat dans le secteur optique. Les consommateurs recherchent activement des marques alignées avec leurs valeurs environnementales. Les études montrent que la réputation éthique et écologique d’une marque influe de plus en plus sur la décision d’achat des consommateurs. La communication sur les pratiques éco-responsables devient ainsi un atout majeur pour fidéliser la clientèle et attirer de nouveaux adeptes.

 

 

Les campagnes de marketing écologique bien exécutées ont montré leur impact significatif, influençant les décisions d’achat. En mettant en avant leurs initiatives durables, les marques optiques parviennent à instaurer une relation de confiance avec leurs consommateurs, renforçant ainsi leur engagement en faveur de pratiques respectueuses de l’environnement.

 

En somme, l’éco-responsabilité dans l’optique s’affirme comme une tendance incontournable. Les pratiques durables, la transparence et l’engagement envers l’environnement deviennent des critères clés pour les consommateurs. Cette évolution constante en faveur de l’éco-responsabilité façonne l’avenir de l’industrie optique, en alignement avec les valeurs environnementales partagées. L’optique responsable n’est plus une option, mais une nécessité pour répondre aux attentes croissantes d’une clientèle soucieuse de l’environnement.

 

Carole Riehl est une opticienne expérimentée et passionnée. Elle a surtout gardé la forte conviction que l’on pouvait concevoir l’optique autrement. Aujourd’hui, il est difficile de passer à côté d’Optic for Good, le label qu’elle a crée et que nous avons maintes fois mentionné sur le blog. Cette démarche, qui propose d’accompagner industriels et opticiens dans une quête de changement, offre une perspective nouvelle. Surtout, elle met en avant les marques et opticiens indépendants, souffrant souvent d’une moindre notoriété. Cette année, elle a exposé pour la première fois au Silmo Paris. Un retour d’expérience qu’elle nous raconte, accompagné de sa vision éthique globale du secteur.

 

 

1) Pouvez-vous nous parler de votre parcours ?

Je suis Carole RIEHL, diplômée du BTS d’optique à Fresnel en 2001. J’ai exercé dans des magasins sous enseignes, des indépendants, des mutualistes et j’ai même été opticienne itinérante. Entre 2 expériences du métier d’opticien, j’ai eu l’opportunité de créer une entreprise dans le milieu de la mode éthique en créant une collection de layette en coton bio et issu du commerce équitable : elle n’a pas fonctionné mais cette expérience entrepreneuriale m’a beaucoup servi pour la création de ma 2eme entreprise, Optic for Good.
2) Optic for Good est le premier label éco-responsable pour opticiens et lunetiers, comment est née cette démarche ?

Optic for Good est la suite logique du travail commencé sur le blog les Lunettes écologiques Magazine en 2014. 
A l’époque, je voulais mettre en avant ces marques de lunettes dites écologiques : le support du blog me paraissait l’idéal pour en parler au plus grand nombre de personnes.
Au fur et à mesure, on me reprochait mes choix, alors j’ai mis à plat mes convictions pour les transformer en une charte qui reprend les notions d’éco-responsabilité, d’éthique, de RSE, de savoir-faire mais aussi ce petit plus qui fait sortir du lot une marque plutôt qu’une autre.
Et pour vérifier tous ces points, il fallait un audit… et puis tout ce travail pour apparaître dans un blog me paraissait superficiel et pas assez militant, alors, le label est né. Lorsque le label est sorti avec ses premières marques labellisées, plusieurs opticiens ont voulu aussi être labellisés Optic for Good : je n’y avais jamais pensé… Vu l’insistance, je me suis penché sur la version opticien et 2 ans après, Optic for Good pour opticien est né.
3) Optic for Good n’est pas seulement lié à l’écologie des processus de fabrication mais concerne aussi d’autres points liés à la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) comme l’éthique et la bienveillance, ou encore le recyclage. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Mon intention première était de mettre en avant l’originalité des marques à se démarquer et à être le moins impactant sur son environnement.
Il est vrai qu’avant de me lancer dans le label, je me suis renseignée sur ce qui existait déjà car ça ne servait à rien de créer un doublon. Et en cherchant, en comparant, ces normes et ces certifications existantes n’allaient pas aussi loin que je le voulais.
Alors, je me suis inspirée de leurs évaluations pour ma base d’audit et j’ai poussé les questions plus loin pour vérifier au maximum le travail avec les prestataires, les raisons de leur choix, la gestion des déchets, la traçabilité, l’origine des matériaux et surtout la composition des matières.
optic-for-good-silmo
4) Aujourd’hui, 10 marques et 23 opticiens sont labellisés. Comment agrandir encore la communauté autour du label ?
Il y a une urgence climatique qui donne une urgence à agrandir cette communauté éco-responsable pour offrir un choix éclairé et responsable aux consommateurs.
Mais développer la communauté, c’est un équilibre entre l’envie de faire partie d’un mouvement fédérateur unique avec ses risques (et ses succès), le temps à consacrer a cet investissement et le développement des solutions écologiques. Et comme toute décision disruptive, cela prend du temps…
5) Cette année, vous avez exposé pour la première fois au Silmo Paris. Qu’avez-vous retenu de cette expérience ? Quel retour auprès des opticiens ?

C’était une expérience incroyable. 
Déjà, être de l’autre côté du miroir m’a fait prendre conscience de toutes les difficultés qu’une marque indépendante rencontre pour exposer dans un salon : il faut vraiment faciliter ce process !
Ensuite, être à la rencontre des opticiens permet de mettre de l’humain sur le label : même si j’humanise au maximum le label avec les différents supports technologiques existants, il y a un besoin de contact réel. Hélas, je n’ai pas pu rencontrer tout le monde car, beaucoup m’ont dit qu’ils sont passés sans pouvoir me parler à cause de mon stand toujours rempli : c’est un bon signe qui me donne envie de recommencer l’année prochaine…
En tout cas, les opticiens étaient ravis de ce stand partagé avec 3 autres marques labellisées, de discuter sur l’écologie, de trouver des réponses à leurs interrogations, de voir s’ils étaient à la hauteur du défi. Une belle convivialité et un bon moment d’échange.
6) L’écologie et les nouveaux modes de consommation sont au cœur des préoccupations, tant au niveau personnel qu’au niveau politique. À votre avis, l’émergence de marques éco-responsables peut-elle encourager certaines marques « historiques » à se détourner des modes de production dits polluants ?
Les marques historiques commencent déjà à se sensibiliser à une production plus vertueuse notamment grâce au développement de la RSE. Une prise de conscience que je vois évoluer depuis 2014 et surtout depuis ces 2 dernières années.
Mais cela concerne que des collections capsules et non des collections complètes : c’est dommage, car ils ont le budget nécessaire pour révolutionner le secteur. En attendant, les marques indépendantes font bouger les choses en intégrant dans leur ADN de départ ces engagements écologiques et il faut les soutenir, comme le fait le label Optic for Good.
Pour moi, l’émergence de l’éco-responsabilité sera encouragée par les opticiens : ils ont ce pouvoir de faire bouger les choses en osant choisir des marques réellement éco-responsables au détriment des marques historiques qui sont encore frileuses de sauter le pas à 100% dans l’écologie.
Carole Riehl et Optic for Good sur les réseaux sociaux : Linkedin / Instagram / Facebook 
Un grand merci à Carole Riehl pour avoir répondu à nos questions !