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DOSSIER : Le reconditionné : en optique aussi ?

Temps de lecture : 5 minutes

 

Face aux principales préoccupations de notre société moderne, à savoir le pouvoir d’achat et l’écologie, les habitudes d’achat se transforment. Le commerce est bouleversé par de nouvelles méthodes désireuses de proposer à la fois prix attractif et durabilité. Le marché du reconditionné a largement envahi le numérique et propose des offres à prix attractif. Quid de l’optique dans tout ça ? Après tout, des millions de montures sont destinées à être transformées, recyclées, ou distribuées chaque année. Alors, le reconditionné en optique, ça peut marcher ?

 

Le reconditionné : quelles différences avec l’occasion ?

 

Que signifie reconditionné ? Est-ce la même chose que l’occasion. La réponse est simple : oui, le reconditionné, c’est de l’occasion mais non, l’occasion n’est pas forcément du reconditionné. Le reconditionné consiste à offrir une deuxième vie à un objet. Ce n’est pas non plus du recyclage, où l’objet est alors transformé. Le reconditionnement ne modifie pas sa fonction. L’objet est réparé et remis sur le marché. C’est un système qui fonctionne depuis plusieurs années désormais dans le secteur du numérique : des ordinateurs ou des smartphones dont la batterie ou l’écran nécessitent une réparation ou un remplacement sont réparés puis revendus à un prix défiant toute concurrence.

 

L’avantage du reconditionné, c’est que les réparations sont opérés par des techniciens professionnels et qu’en plus, les objets sont soumis à la garantie obligatoire pour la vente d’occasion. Plus rassurant qu’une seconde main classique entre particuliers !

 

 

Mais que vient faire l’optique dans tout ça ? Et bien, la fabrication de montures étant soumis aux aléas du temps, des pièces peuvent être défaillantes et nécessiter un remplacement. Seulement voilà, les propriétaires de lunettes changent régulièrement de montures. Du coup, des milliers, voire des millions de montures se retrouvent hors du marché alors que leur état n’est pas si mauvais. La vente d’occasion, le recyclage, le don à des organisations humanitaires en gèrent tout une partie. Pourquoi pas le reconditionné ?

 

Depuis quelques temps, le marché de l’optique tente de se saisir petit à petit de cette manière de redonner vie aux vieilles montures. En conséquence, cela induit des règles particulières.

 

Un cadre règlementaire à l’étude

 

L’association Française de Normalisation (AFNOR) travaille actuellement avec les pouvoir publics afin de mettre en œuvre un projet de norme relatif à la remise en état des dispositifs médicaux. Cela concerne surtout les prothèses médicales. Mais ce projet pourrait également concerner et faire loi pour les montures optiques.

 

Ce projet de norme indique que « la remise en bon usage d’un dispositif médical permet de rétablir la fonction du dispositif et d’en allonger sa durée d’usage via la réalisation d’opérations d’entretien et de maintenance, sans en altérer les performances, les caractéristiques techniques et fonctionnelles, notamment en matière d’hygiène et de sécurité. L’objectif est d’assurer une réduction de l’impact environnemental observé mais également de permettre aux patients concernés d’accéder plus largement à ces matériels restaurés dans toutes les conditions de sécurité sanitaire requises ».

 

 

Nous sommes bien dans la définition même du reconditionné. Le produit doit offrir un service équivalent à celui du neuf, avec un service après-vente correspondant. Cette norme devra également s’attaquer à la problématique de la traçabilité des produits. À quel moment celle-ci devrait-elle démarrer ? Les professionnels de l’optique, par la voix du syndicat national des centre optiques mutualistes (SYNOM) considère que la traçabilité devrait démarrer à l’arrivée au centre de tri. En effet, lors de la collecte des montures, il n’est pas toujours évident de les tracer car des éléments (marque, modèle, numéro de série…) peuvent être manquants. Le fait de démarrer à leur arrivée en centre de tri homologué permettrait de pouvoir utiliser une majorité de ces montures.

 

Il faut savoir qu’à l’heure actuelle, environ 50% des montures d’occasion sont reconditionnables. L’autre moitié est reconduite sur des voies plus « traditionnelles » du marché de l’occasion, ou sur du recyclage ou du don.

 

Quoi qu’il en soit, le SYNOM insiste pour que les professionnels de la filière optique prennent en charge, ensemble, les règles et normes qui entoureront, dans un futur proche, la vente de montures optiques reconditionnées. Parce que oui, il existe déjà ce type de montures sur le marché.

 

Déjà des ventes en magasin

 

Plusieurs entreprises, notamment des start-up, se sont positionnées sur le marché du reconditionné. C’est le cas des Lunettes de Zac, opticien à Lille, qui s’est spécialisé dans la remise à neuf de montures. Le principe est simple : les opticiens partenaires disposent d’une petit boîte pour permettre à chacun d’y déposer sa monture inutilisée. Les lunettes sont alors récupérées afin d’être reconditionnées. À travers cette démarche, l’entreprise développe aussi une démarche sociale importante puisqu’elle travaille avec l’association AlterEos, qui travaille à fournir un emploi durable aux personnes souffrant de handicap.

 

Vous pouvez devenir opticien partenaire des lunettes de Zac en vous rendant directement sur la page dédiée sur leur site web. En France, plusieurs boutiques indépendantes ont déjà fait ce choix, mais aussi certains franchisés des opticiens Ecouter Voir. Depuis mai 2023, onze magasins Ecouter Voir ont travaillé avec les lunettes de Zac, et à partir de septembre, toutes les enseignes devraient le faire.

 

Pour le moment, nous ne disposons pas de chiffres sur les ventes de montures reconditionnées, mais nul doute que l’affaire risque d’être entendue et soumise à un net développement.

 

 

Un avenir quasi-certain pour le reconditionné ?

 

Avec le risque de voir certains remboursements diminuer, couplé à des verres dont les prix augmentent au gré des avancées technologiques, l’achat de montures d’occasion risque fort de monter en flèche. Le gros avantage du reconditionné, c’est bien sûr le prise en charge et la remise en état par des techniciens professionnels, mais aussi l’assurance d’une garantie et d’une traçabilité.

 

Si la loi et les normes devront logiquement encadrer ce nouveau marché, on peut considérer qu’il va falloir y jeter un œil avisé. Ce serait, en prime, un moyen pour les opticiens de s’ouvrir de nouvelles perspectives de vente, ce qui permet de toucher d’autres cibles, certaines personnes ne jurant désormais que par l’occasion. Un moyen également de développer une nouvelle manière de travailler pour un métier qui, parfois, souffre de stagnation.

 

Quoi qu’il en soit, le reconditionné a un bel avenir devant lui !

 

Sources : Acuité.fr, Challenges, Écouter Voir, les Lunettes de Zac