L’industrie de l’optique est en constante évolution, et les verriers et lunetiers du futur devront s’adapter à de nouvelles technologies et compétences pour répondre aux besoins changeants de la clientèle. La formation et l’utilisation de la technologie jouent un rôle essentiel dans la préparation de la prochaine génération d’experts en optique. Ce dossier vous propose un aperçu des tendances et des évolutions qui vont, ou façonnent déjà l’avenir de ces professions.

 

Formation et technologie optique : rester à la pointe de l’industrie

 

Dans le secteur de l’optique, la formation continue est essentielle pour permettre aux verriers et lunetiers à la fois de rester compétitifs et de s’adapter à l’évolution constante que peut représenter l’industrie optique. Les avancées technologiques comme les nouvelles tendances en matière de santé visuelle exigent une mise à jour régulière des compétences et des connaissances.

Les verriers et lunetiers doivent se familiariser avec les dernières avancées technologiques dans la conception et la fabrication de lunettes. Cela comprend l’apprentissage de logiciels de conception assistée par ordinateur (CAO), d’équipements de mesure de précision et de techniques avancées de montage de verres. D’autre part, la diversification des compétences devient de plus en plus cruciale. Certains professionnels optent pour des formations spécialisées dans des domaines tels que les lentilles de contact, la basse vision, la contactologie avancée, la neuro-optométrie… Cela leur permet de répondre à des besoins spécifiques des clients et d’élargir leur champ d’expertise.

Mais les compétences techniques ne sont pas les seules à devoir évoluer. Gestion d’entreprise, service-clientèle, design, tendances, besoins éthiques et environnementaux…Tous ces éléments sont susceptibles de modifier considérablement les métiers des acteurs de l’optique.

 

 

En somme, la formation continue et la spécialisation sont des piliers fondamentaux pour les verriers et lunetiers du futur. Cela leur permet de rester compétitifs dans un marché en évolution rapide et de répondre aux besoins variés et complexes des clients, tout en étant sensibles aux évolutions technologiques, aux tendances du marché et aux préoccupations sociales.

 

Une évolution rapide de la technologie optique

 

Dans un secteur fortement concurrentiel, l’évolution technologique joue un rôle crucial dans la manière dont les verriers et lunetiers vont façonner leur expertise et leur pratique professionnelle.

Ainsi, les outils de mesure de haute précision, tels que les réfractomètres automatisés et les topographes cornéens, qui permettent une évaluation plus précise et plus rapide des défauts visuels et de la forme de l’œil, sont en constante évolution. Les logiciels de conception assistée par ordinateur (CAO), qui offrent aux verriers et lunetiers la capacité de créer des montures sur mesure en fonction des besoins spécifiques des clients, comme l’impression 3D, sont en train de largement modifier la façon dont on achète une monture.

Par ailleurs, l’intégration de la réalité augmentée dans la vie quotidienne ne fait que peu de doutes à l’avenir. Ainsi, les lunettes nouvelles générations (smart glasses ou lunettes intelligentes) pourront, dans un temps proche, faire partie des incontournables sur les rayons des opticiens ou pourront même les assister dans leur travail afin de personnaliser l’expérience-client.

Parmi les plus incroyables innovations, il reste celles qui entourent le développement de verres plus avancés, comme les verres progressifs numériques et les verres photochromiques avec une transition rapide entre les teintes. Des lentilles de contact intelligentes sont également au de la R&D pour proposer des caractéristiques toujours plus incroyables.

En somme, l’adoption de technologies de pointe permet aux verriers et lunetiers d’améliorer la précision, la personnalisation et l’efficacité de leurs services. Ces outils leur permettent de répondre aux besoins spécifiques des clients, tout en restant à la pointe des dernières avancées technologiques de l’industrie optique.

 

Un jour, le 100% personnalisable ?

 

La personnalisation des montures est devenue un aspect essentiel de l’expérience d’achat en optique, offrant aux clients la possibilité d’obtenir des lunettes adaptées à leurs besoins spécifiques et à leur style individuel. Les outils de modélisation permettent aux verriers de concevoir des montures sur mesure en fonction des mesures précises du visage du client. Ces montures sont adaptées à la morphologie faciale, offrant un ajustement et un confort optimaux.

 

 

La personnalisation inclut déjà également la sélection de matériaux de haute qualité pour les montures, allant du métal léger aux matériaux écologiques comme le bois ou l’acétate biocompatible. Les clients peuvent également choisir parmi une gamme de finitions, de couleurs et de textures pour créer des montures uniques. Et d’autres spécifications viennent renforcer la personnalisation comme la possibilité de modifier soi-même sa monture, via des accessoires, des propriétés interchangeables…

On le voit, les experts de l’optique vont engager les clients dans un processus collaboratif, les impliquant dans la conception de leurs lunettes. Verra-t-on un jour pour autant, un magasin d’optique vide de toute monture physique ? Si la personnalisation des montures devient une norme dans l’industrie de l’optique, cette approche n’apparaît pas forcément irréaliste.

Le boom de la télé-médecine et de la mobilité

 

La télé-médecine et la télé-optométrie sont en train de révolutionner l’accès aux soins optiques, offrant une nouvelle dimension aux services de santé oculaire. Encore profondément décriée, elle engage un débat entre pro et contre que nous n’ambitionnerons pas de résoudre ici. Toutefois, les consultations à distance ont permis aux patients qui ont des difficultés à se déplacer ou vivant dans des déserts médicaux de consulter un professionnel de la vue.

Cette démarche participe donc à l’amélioration de l’accessibilité, même si la solution n’est pas parfaite. Elle sera pourtant, à coup sûr, un de ces éléments qui façonneront le futur proche de l’optique car elle favorise un diagnostic et un suivi rapides.

Dans le même ordre d’idée, les professionnels mobiles ont vu leurs services être largement sollicités ces dernières années. Il faudra sans nul doute compter sur les opticiens qui se rendent directement chez les clients tant cette nouvelle façon de travailler facilite la réponse à certains enjeux tels la distance ou la sédentarisation.

Ces services nécessiteront là encore un besoin de formation lié à une technologie évolutive.

 

Et l’éco-responsabilité dans tout ça ?

 

La durabilité et l’éco-responsabilité sont devenues des aspects cruciaux dans bien des domaines, dont l’industrie optique ne s’extirpe pas, reflétant une préoccupation croissante pour l’environnement. Les comportements ont besoin de changer et par conséquent, la valeur travail se démarque également par ce biais.

Dans ce contexte, les fabricants de montures utilisent des matériaux recyclés ou durables, comme les plastiques biosourcés, le bois provenant de sources responsables ou encore les métaux recyclables, afin de tenter de réduire l’empreinte carbone de la production de lunettes. Ces nouvelles façons de travailler font partie d’un programme plus global qui vise à respecter des chartes éthiques et de Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE). La manière de travailler est donc transformée en substance et ces apports font partie des préoccupations des professionnels.

Conception, programmes de recyclage améliorés, heures de travail aménagées…tout est lié afin de proposer une démarche qui a du sens et qui ne consiste pas seulement à s’orienter vers le greenwashing.

 

 

Formation et technologie : anticiper les danger du changement

 

Enfin, et c’est sur ce point que nous terminerons ce dossier, tous ces changements liés à la formation et la technologie nécessiteront une anticipation importante des risques que tous ces progrès engendreront. Comme dans tous les domaines, il existe presque autant de risques que d’opportunités, auxquels il faudra tenter d’apporter une réponse.

Par exemple, une gestion efficace des données et une relation-client bien entretenue s’avéreront essentielles pour offrir des services optiques de qualité et améliorer l’expérience client. L’analyse des données clients proposera à la fois une expérience personnalisée mais devra être encadrée afin d’éviter tout risque d’intrusion. Les formations et les évolutions technologiques permettront d’améliorer les compétences mais risquent également de renforcer les inégalités entre les générations.

La télé-médecine, qui offre une diversification de l’activité, peut largement, en raison des coûts élevés du matériel nécessaire, laisser certains professionnels dans l’impossibilité de la proposer, et la volonté de proposer une offre 100% responsable doit faire attention de ne pas mettre de côté une cible de clientèle plus défavorisée.

En bref, la formation et la technologie en optique sont amenées à transformer le secteur en profondeur, si bien que le futur s’annonce passionnant et excitant. Ce futur est déjà en route ou dessine des tendances qui nécessiteront remise en question, volonté d’innover et démarches égalitaires.

 

Face aux principales préoccupations de notre société moderne, à savoir le pouvoir d’achat et l’écologie, les habitudes d’achat se transforment. Le commerce est bouleversé par de nouvelles méthodes désireuses de proposer à la fois prix attractif et durabilité. Le marché du reconditionné a largement envahi le numérique et propose des offres à prix attractif. Quid de l’optique dans tout ça ? Après tout, des millions de montures sont destinées à être transformées, recyclées, ou distribuées chaque année. Alors, le reconditionné en optique, ça peut marcher ?

 

Le reconditionné : quelles différences avec l’occasion ?

 

Que signifie reconditionné ? Est-ce la même chose que l’occasion. La réponse est simple : oui, le reconditionné, c’est de l’occasion mais non, l’occasion n’est pas forcément du reconditionné. Le reconditionné consiste à offrir une deuxième vie à un objet. Ce n’est pas non plus du recyclage, où l’objet est alors transformé. Le reconditionnement ne modifie pas sa fonction. L’objet est réparé et remis sur le marché. C’est un système qui fonctionne depuis plusieurs années désormais dans le secteur du numérique : des ordinateurs ou des smartphones dont la batterie ou l’écran nécessitent une réparation ou un remplacement sont réparés puis revendus à un prix défiant toute concurrence.

 

L’avantage du reconditionné, c’est que les réparations sont opérés par des techniciens professionnels et qu’en plus, les objets sont soumis à la garantie obligatoire pour la vente d’occasion. Plus rassurant qu’une seconde main classique entre particuliers !

 

 

Mais que vient faire l’optique dans tout ça ? Et bien, la fabrication de montures étant soumis aux aléas du temps, des pièces peuvent être défaillantes et nécessiter un remplacement. Seulement voilà, les propriétaires de lunettes changent régulièrement de montures. Du coup, des milliers, voire des millions de montures se retrouvent hors du marché alors que leur état n’est pas si mauvais. La vente d’occasion, le recyclage, le don à des organisations humanitaires en gèrent tout une partie. Pourquoi pas le reconditionné ?

 

Depuis quelques temps, le marché de l’optique tente de se saisir petit à petit de cette manière de redonner vie aux vieilles montures. En conséquence, cela induit des règles particulières.

 

Un cadre règlementaire à l’étude

 

L’association Française de Normalisation (AFNOR) travaille actuellement avec les pouvoir publics afin de mettre en œuvre un projet de norme relatif à la remise en état des dispositifs médicaux. Cela concerne surtout les prothèses médicales. Mais ce projet pourrait également concerner et faire loi pour les montures optiques.

 

Ce projet de norme indique que « la remise en bon usage d’un dispositif médical permet de rétablir la fonction du dispositif et d’en allonger sa durée d’usage via la réalisation d’opérations d’entretien et de maintenance, sans en altérer les performances, les caractéristiques techniques et fonctionnelles, notamment en matière d’hygiène et de sécurité. L’objectif est d’assurer une réduction de l’impact environnemental observé mais également de permettre aux patients concernés d’accéder plus largement à ces matériels restaurés dans toutes les conditions de sécurité sanitaire requises ».

 

 

Nous sommes bien dans la définition même du reconditionné. Le produit doit offrir un service équivalent à celui du neuf, avec un service après-vente correspondant. Cette norme devra également s’attaquer à la problématique de la traçabilité des produits. À quel moment celle-ci devrait-elle démarrer ? Les professionnels de l’optique, par la voix du syndicat national des centre optiques mutualistes (SYNOM) considère que la traçabilité devrait démarrer à l’arrivée au centre de tri. En effet, lors de la collecte des montures, il n’est pas toujours évident de les tracer car des éléments (marque, modèle, numéro de série…) peuvent être manquants. Le fait de démarrer à leur arrivée en centre de tri homologué permettrait de pouvoir utiliser une majorité de ces montures.

 

Il faut savoir qu’à l’heure actuelle, environ 50% des montures d’occasion sont reconditionnables. L’autre moitié est reconduite sur des voies plus « traditionnelles » du marché de l’occasion, ou sur du recyclage ou du don.

 

Quoi qu’il en soit, le SYNOM insiste pour que les professionnels de la filière optique prennent en charge, ensemble, les règles et normes qui entoureront, dans un futur proche, la vente de montures optiques reconditionnées. Parce que oui, il existe déjà ce type de montures sur le marché.

 

Déjà des ventes en magasin

 

Plusieurs entreprises, notamment des start-up, se sont positionnées sur le marché du reconditionné. C’est le cas des Lunettes de Zac, opticien à Lille, qui s’est spécialisé dans la remise à neuf de montures. Le principe est simple : les opticiens partenaires disposent d’une petit boîte pour permettre à chacun d’y déposer sa monture inutilisée. Les lunettes sont alors récupérées afin d’être reconditionnées. À travers cette démarche, l’entreprise développe aussi une démarche sociale importante puisqu’elle travaille avec l’association AlterEos, qui travaille à fournir un emploi durable aux personnes souffrant de handicap.

 

Vous pouvez devenir opticien partenaire des lunettes de Zac en vous rendant directement sur la page dédiée sur leur site web. En France, plusieurs boutiques indépendantes ont déjà fait ce choix, mais aussi certains franchisés des opticiens Ecouter Voir. Depuis mai 2023, onze magasins Ecouter Voir ont travaillé avec les lunettes de Zac, et à partir de septembre, toutes les enseignes devraient le faire.

 

Pour le moment, nous ne disposons pas de chiffres sur les ventes de montures reconditionnées, mais nul doute que l’affaire risque d’être entendue et soumise à un net développement.

 

 

Un avenir quasi-certain pour le reconditionné ?

 

Avec le risque de voir certains remboursements diminuer, couplé à des verres dont les prix augmentent au gré des avancées technologiques, l’achat de montures d’occasion risque fort de monter en flèche. Le gros avantage du reconditionné, c’est bien sûr le prise en charge et la remise en état par des techniciens professionnels, mais aussi l’assurance d’une garantie et d’une traçabilité.

 

Si la loi et les normes devront logiquement encadrer ce nouveau marché, on peut considérer qu’il va falloir y jeter un œil avisé. Ce serait, en prime, un moyen pour les opticiens de s’ouvrir de nouvelles perspectives de vente, ce qui permet de toucher d’autres cibles, certaines personnes ne jurant désormais que par l’occasion. Un moyen également de développer une nouvelle manière de travailler pour un métier qui, parfois, souffre de stagnation.

 

Quoi qu’il en soit, le reconditionné a un bel avenir devant lui !

 

Sources : Acuité.fr, Challenges, Écouter Voir, les Lunettes de Zac